Le QUESNOY

                    Ville Forte

L’Histoire de la Ville

L’Histoire de la Ville

Origine de la Ville

Le nom de la ville a été écrit au cours des siècles sous les formes différentes ci-après :

Caismoi, Caisnoit, Caisnoy, Caisnoyt, Caynoit, Chaynoct, Kaisnoi, Kaisnoit, Kanoyt, Kaynoit, Kesnoit, Keesnoit, Kesnoy, Quesnoet, Quesnoi, Quesnoit, Quesnoy, Quesnoyt, Quesnoy-le-Comte, Quercetum, Haymonis-Quercetum, Haimonchasnoit.

Du mot latin Quercitum, qui signifie : endroit couvert de chênes. La population n’était pas très dense à cette époque dans la région. La forêt était remplie de fauves et presque inhabitable. Par endroits, il y avait de vastes clairières permettant la culture et la vie. Il semble bien que ce soit le cas de la région du Quesnoy, où des défrichements avaient permis l’existence de quelque peuplade dont l’importance s’accrut lentement avec les siècles.

Au IXe siècle les Normands arrivèrent dans le pays. Ils se répandirent dans le pays qu’ils ravagèrent. Le territoire où allait bientôt ériger Le Quesnoy ne fut pas épargné. Ce territoire était alors un alleu portant le nom de Noflus, appartenant à la manse épiscopale de Cambrai. L’évêque Nicolas Ier, de Chièvres, vendit cette terre inculte et peu habitée au Comte de Hainaut Bauduin IV, en 1148. Bauduin IV, dit l’Édifieur, s’empressa d’élever un château-fort sur la Motte de Noflus pour établir sa domination sur la contrée qu’il venait d’acquérir.

L’alleu de Noflu fut agrandi par des acquisitions du Comte Bauduin IV, qui rassembla les habitants du voisinage au pied du château. Il les protégea alors par des murailles avec fossés en 1150. Cette date est celle de la fondation du Quesnoy. La Ville allait acquérir tout de suite une grande importance grâce aux comtes de Hainaut, et son histoire allait se lier à celle de ces puissants seigneurs.

Les Comtes de Hainaut au Quesnoy

Bauduin l’Édifieur entoura la cité quercitaine de fossés et de remparts et y construisit un important château devenu le centre des fortifications de la ville. Il était dominé par une tour élevée et son ensemble constituait une véritable forteresse. Alix de Namur, épouse de Bauduin IV, dota le château d’une chapelle, qu’elle dédia à saint Jean-Baptiste. En outre, le château était accompagné d’un parc, qui s’étendait au sud-ouest de la ville et comprenait un bois connu sous le nom de bois du Gard, habité par des cerfs, des daims et du gibier sauvage. Afin de peupler la ville, le Comte de Hainaut édicta une charte qui accordait des privilèges importants aux habitants. En 1161, un accord avec l’abbaye du Sain-Sépulchre de Cambrai, laisse la faculté aux habitants de moudre leurs grains à Villereau. Le Comte meurt en 1171 victime d’une chute.

En 1195, Bauduin VI (ou Bauduin de Constantinople) succéda à son père. Son règne fut de courte durée mais très mouvementé. Il partit en croisade en l’année 1202, devint Empereur de Constantinople en 1204 et diparu en 1205. Ses filles Jeanne et Marguerite lui succédèrent tour à tour. En 1233, Jeanne de Flandre fit améliorer l’hôpital et restaurer le château en 1236. En 1237, Jeanne de Flandre épousa en secondes noces, Thomas de Savoie qui fut un bienfaiteur du Quesnoy. En effet, il s’attacha à améliorer les races animales du pays en amenant des taureaux de Savoie et du pays Messin. Il fit venir des chevaux d’Italie et d’Espagne, ainsi que des moutons de Catalogne, qui permirent d’obtenir des laines fines, trés estimées. Jeanne mourut en 1244, sans avoir eu d’enfants. Ce fut sa sœur Marguerite dite de Constantinople qui lui succéda. Les souverains de Hainaut possédaient alors une foule de biens qu’ils affermaient contre un forfait. En 1246, Le roi de France attribua le Hainaut aux Avesnes et la Flandre aux Dampierre.

Jean II d’Avesnes succéda à sa mère en 1279. Il fit regretter les Seigneurs qui l’avaient précédé, par sa tyrannie et par ses exactions. Il commit des injustices à l’égard de l’évêque de Cambrai, et le prévôt du Quesnoy fut menacé d’excommunication.

Guillaume Ier, second fils de Jean d’Avesnes, succéda à son père. il fut surnommé le Bon et se maria à Jeanne de Valois, nièce de Philippe le Bel, le 19 mai 1305. Il fit améliorer les fortifications de la ville. Son fils Guillaume II dit le Hardi prit ses fonctions en 1337 à la mort de son père. Il était vassal de l’Empire Germanique, ce qui l’amena à prendre parti avec les Flamands et le roi d’Angleterre, contre la France. Devant cette attitude, Jean de Normandie, fils de Philippe VI de Valois, envahit le Hainaut et se présenta devant Le Quesnoy pour s’en emparer. Chose qu’il ne put faire face aux remparts de la ville et de ses canons.

Guillaume étant mort sans enfant, ce fut sa sœur, Marguerite de Hainaut, qui lui succéda. Celle-ci était mariée à Louis de Bavière, empereur d’Allemagne, dont elle devint veuve en 1347. A la mort de son mari, elle s’installe au Quesnoy et fit du Château sa demeure préférée. A sa mort le 23 juin 1356, Le Quesnoy allait subir un changement important dans son histoire. La cité passa sous la domination de la Maison de Bavière par le fils de Marguerite, et fut détachée pendant longtemps de la France.

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

Maison de Bavière

Avec la mort de Marguerite, le Hainaut passe à la Maison de Bavière par l’arrivée au pouvoir de Guillaume III, fils de Louis de Bavière et de Marguerite de Hainaut. Le Quesnoy est redevenue la résidence préférée des Comtes; la ville retrouve les fêtes du temps de Bauduin : Fêtes religieuses, chasses aux cerfs, tournois, réceptions princières. Enfermé pendant 20 ans après avoir tué un de ses écuyers, il est remplacé par son frère Albert de Bavière en 1358. Celui-ci est jaloux, fourbe et cruel et entraîne la région dans une guerre civile causant des maux incalculables. En 1376, une paix honorable fut conclue. Albert dut fonder une messe dans l’église du Quesnoy pour le repos du Sire d’Enghien qu’il avait fait décapiter.

Le fils aîné de Guillaume III atteignit sa majorité en 1405 et prit le pouvoir sous le nom de Guillaume IV le Bon. Il épousa en premières noces, Marie, fille du Roi de France. Son mariage ayant été stérile, il contracta une nouvelle alliance avec Marguerite, fille de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. La cérémonie de son mariage avec Guillame IV eut lieu à cambrai, mais des fêtes grandioses, auxquelles participèrent des membres de la plus haute noblesse se déroulèrent au Quesnoy (voir ici). En 1401, Marguerite de Bourgogne mit au monde au Quesnoy, dans le château où elle avait installé le plus grand confort possible, une fille, qui fut baptisée le 16 juillet, sous le nom de Jacqueline. Son père mourut le 31 mai 1417, à Bouchain.

Jacqueline de Bavière succéda à son père. Cette enfant eu une existence relativement courte, mais très mouvementée. Elle mourut en Hollande, au château de Teylinghem, le 8 octobre 1436. Comme elle s’éteignait sans postérité, ses biens devinrent officiellement la propriété de Philippe le Bon. C’est ainsi que Le Quesnoy passa cette fois à la Maison de Bourgogne.

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

Maison de Bourgogne

Philippe le Bon ne devait prendre officiellement le titre de Comte de Hainaut qu’en 1436. Le 30 juin 1427, il laisse sa tante Marguerite de Bourgogne jouir de ses terres seigneuriales et revenus. Elle fonda en l’église paroissiale du Quesnoy, une chapelle dédiée à Sainte-Marguerite et à Saint-Eloi. Puis elle fit une donation perpétuelle en faveur des pauvres de la cité, pour leur procurer des draps, du linge, des chausses et des souliers. Marguerite de Bourgogne décéda au Quesnoy le 8 mars 1441 et fut inhumée en l’église paroissiale, dans la chapelle de Sainte-Marguerite. Elle laissa un excellent souvenir dans la ville qu’elle aimait. A présent encore, les habitants du Quesnoy parlant de leur ancien château, le nomment toujours : Le Château de Marguerite de Bourgogne.
En 1442 et 1449, deux incendies viennent dévaster la ville. Pour aider les habitants, Philippe le Bon fait don de 356 chênes destinés à la reconstruction. Un hospice pour huit femmes infirmes fut fondé en 1449 dans la ville sous le nom d’Hospice des Chartières

Le fils de Philippe le Bon, qui devait plus tard s’appeler Charles le Téméraire, succéda à son père le 5 Juin 1467. Il vint l’année suivante dans la ville, où on lui fit une réception triomphale. En 1454, il y donna un grand banquet, au lendemain de ses noces avec Isabelle de Bourbon.
Pendant ses dix années de règne, qui furent très mouvementées, Charles le Téméraire ne cessa de guerroyer et on sait qu’il périt misérablement devant Nancy, en 1477, laissant à sa fille, Marie de Bourgogne, le soin de lui succéder.

Quelques mois après la mort de Charles le Téméraire, Louis XI voulu s’emparer des biens de sa fille. Il se présenta devant Le Quesnoy et en fut repoussé.

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

La Maison d'Autriche

Avec la domination nouvelle, la ville du Quesnoy ne servira plus de résidence aux princes et ne connaîtra plus de fêtes magnifiques. Elle continuera seulement de remplir son rôle de place forte et de chef-lieu de la Prévôté. Les communautés religieuses, nombreuses en ville, vont trouver toute quiétude sous l’autorité d’une forte maison de religion catholique, mais les nominations des chefs d’établissements religieux se feront sous le contrôle du pouvoir autrichien.

L’ année 1482 voit la mort de Marie de Bourgogne. C’est son fils, Philippe d’Autriche le Beau qui lui succède et qui, bientôt, épouse la fille de Ferdinand le Catholique et d’Isabelle, roi et reine d’Espagne. Philippe acquiert ainsi des droits à la couronne d’Espagne. La disparition des princes et de leur suite avait été désastreuse pour le Quesnoy .Vers 1492, on constate une grande diminution de la population de la ville qui a perdu à peu près les trois quarts de son effectif ancien. Philippe le Beaux meurt en 1506, laissant deux fils, Charles et Ferdinand. Le premier, sous le nom de Charles V ou Charles-Quint allait recueillir les fruits des alliances précédentes.

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

La Maison d'Espagne

L’ avènement de Charles-Quint n’amena pas de grands changements immédiats dans la situation de la ville. La puissance de l’Espagne était alors immense en Europe, comme en Amérique, où la conquête du Mexique lui avait donné des mines d’or particulièrement riches.
François 1er étant venu ravager l’Ostrevant en 1521, Charles-Quint vient au Quesnoy en 1523 pour le combattre et décide de renforcer les fortifications de la ville (1527).
En 1554, le Roi de France Henri II luttant contre l’Empire, descend de la vallée de la Sambre qu’il dévaste, prend Le Quesnoy qui subit un sort analogue, et se poste au nord de la ville. La disette l’oblige à la retraite.

Charles-Quint fatigué par ses nombreuses guerres, abdique en 1556. Son fils Philippe II lui succède. Le 12 novembre 1568, les troupes protestantes du Prince d’Orange mettent en déroute les Espagnols sous les murs du Quesnoy et s’emparent de la ville. Cette affaire montre la nécessité de surveiller les abords de la Place. L’on décide de construire un belvédère octogonal de 17m de haut sur la tour du château, en 1569. C’est pendant cette période d’insécurité que l’on construit l’Hôtel de Ville et le Beffroi (1583).

Avec philippe III et philippe IV (1598-1665), l’Espagne desserre son étreinte. On arrive alors à la période de la guerre de Trente Ans entre la France d’une part, l’Espagne et l’Autriche de l’autre. Les réquisitions appauvrissent les campagnes et une épidémie vient ajouter ses ravages en 1639 et beaucoup d’habitants du Quesnoy périssent. En 1654, la ville est libérée par Turenne, mais les Espagnols, avant de partir, détériorent le plus possible les fortifications.

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

Le Régime Français

La situation de la ville du Quesnoy devenue française n’était pas brillante. Nos conquêtes dans la région avaient placé la ville dans la zone d’opérations des armées. Les habitants avait été rançonnés et pillés de nombreuses fois par les garnisons voisines. Aussi les bourgeois, lassés, s’empressèrent-ils de quitter la ville pour s’établir dans une région plus sûre. Ceci fit l’affaire d’un riche bourgeois nommé Cliquet , qui profita du désespoir général. Il acheta tout ce qui était à vendre et s’appropria ce qui était abandonné. Il fut imité par un officier de l’état-major de la place nommé de la Touche.
L’officier opérait du côté de la porte de Valenciennes, ce qui amena Cliquet à se rabattre sur les abords de la porte Saint-Martin. Mais à force de s’étendre, les deux agioteurs finirent par se rencontrer, et dés lors la lutte fut engagée. L’officier indiqua alors à ses chefs que pour une petit place-forte comme Le Quesnoy, c’en était trop de trois portes ( Saint-Martin, Valenciennes, Fauroeulx ). Il parvint à démontrer que la porte Saint-Martin était inutile et dangereuse. Il fut écouté et la porte de Saint-Martin fut murée, ce qui plaça les propriétés de Cliquet dans un cul de sac en les dépréciant. Par contre, le commerce fut attiré vers la porte de Valenciennes, où les propriétés acquirent tout de suite beaucoup de valeur. Pendant ce temps, la ville avait reçu une garnison française qui poussait des reconnaissances en pays ennemi, levant de fortes contributions de guerre. Le gouverneur de la place était Jacques de Beauvau, Marquis de Rivau. Le Quesnoy constitua alors pour Turenne une place de refuge au cours de ses opérations dans le voisinage.

En juillet 1655, Louis XIV et Mazarin vinrent visiter le Camp du Quesnoy et assistèrent à une messe à l’église Notre-Dame. La ville ruinée par les guerres, ne put recevoir comme il convenait son nouveau maître. Par le traité des Pyrénées , en 1659, l’Espagne abandonnait définitivement à la France : Landrecies, Avesnes et Le Quesnoy avec ses dépendances.

En 1661 la Cour Prévôtale du Quesnoy est remplacée par un Baillage qui fut l’un des plus étendus de la province, il constituait une Cour de Justice et était établi au château. Le Baillage du Quesnoy recevait les appels des jugements portés par les magistrats de son ressort et de la prévôté de Landrecies. Les échevins jugeaient en effet les causes foncières, toutefois les autorités de Valenciennes devaient être consultées.

La domination française au Quesnoy est marquée par la construction de nombreuses casernes.

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

Sous la guerre de succession d'Espagne

Si le règne de Louis XIV fut glorieux de 1643 à 1678, il fut moins heureux durant 1678 à 1715.
Le Quesnoy devait subir deux sièges en l’espace de quelques mois et écrire une page glorieuse de son histoire.

Premier siège du Quesnoy en 1712

Les opérations commencèrent le 8 juin 1712. Au cours de la lutte, les français, attaqués dans la place, tentèrent plusieurs sorties, mais chaque fois, ils furent repoussés. Le siège de la ville dura presque un mois. Aprés une héroïque résistance, Le Quesnoy, le 2 juillet, demanda à capituler.

La riposte ne se fit pas longtemps attendre. Le 24 juillet de la même année, Villars, aprés une marche de nuit vint couper à Denain, les lignes de ravitaillement des Alliés, dont les vivres et les munitions débarquaient sur la Scarpe, à Marchiennes, pour être dirigées ensuite par voie de terre, sur l’armée, qui assiégeait cette fois Landrecies. C’était l’heureuse conclusion de la victoire de Denain, qui allait renverser l’initiative des opérations militaires. En effet, Villars enleva aussitôt Mortague, Saint-Amand, Marchiennes et assiégea Douai, qu’il prit le 9 Septembre. De là, il descendit en toute hâte vers Valenciennes et s’avança vers Le Quesnoy. Un deuxième siège allait commencer.

Second siège du Quesnoy en 1712

La garnison ennemie, commandée par M. d’Ivoy, comprenait, environ deux mille hommes. Elle disposait de 104 canons et de beaucoup de mortiers. Villars, de son côté, fit venir de Douai l’artillerie et les munitions nécessaires pour attaquer la ville. Les Français possédaient en totalité 72 canons, 30 mortiers et 12 pierriers. Le général en chef vint lui-même reconnaître les abords de la place et confia la conduite des opérations à M. de Valory, élève de Vauban, qui s’était distingué à Lille en 1708, à Douai en 1710 et à sa reprise en 1712.
Le 17 Septembre, l’armée française était campée à Villereau. Elle commença les premières opérations de l’attaque le lendemain. M. de Valory connaissait la place, dont il possédait un plan, mais comme il ignorait les travaux d’amélioration apportés par les Alliés depuis leur conquête, il decida d’attaquer à l’ouest, entre le bastion César et la Porte Saint-Martin.
Pendant 8 jours, les assiègés tirèrent avec acharnement sur les tranchées et les batteries françaises. Leur feu de canons et de mortiers était très vif, mais sans grands résultats. De son côté, notre artillerie entra en action le 25 Septembre au matin, le feu de nos pièces gênait beaucoup l’artillerie adverse, qui ripostait sans efficacité. Le 4 Octobre des brèches ayant été ouvertes par les canons dans les remparts, l’assaut fut donné et la cité libérée.

Le roi Louis XIV, pour récompenser l’activité et l’habilité déployées par M. de Valory, pendant la reprise du Quesnoy, le nomma gouverneur de la place. la guerre de Succession d’Espagne finissait, laissant Louis XIV épuisé, mais non vaincu. Le Quesnoy exprima alors sa joie d’être en paix en surmontant le plus grand chêne de ses armes, de cette devise écrite en majuscules et en minuscules, de manière à former la date de reprise de la ville :

Il Croît à l’oMbre De La paIX
M D C L L X I I  (1712)

Par ailleurs pour perpétuer le souvenir des sièges de Douai, du Quesnoy et de Bouchain, qui formaient le complément de la victoire de Denain, Louis XIV fit frapper une grande médaille, où l’on voyait, d’un côté, la tête du Grand Roi et, de l’autre, un chêne auquel était suspendu trois boucliers sur lesquels étaient gravés les armes des trois villes, avec cette exergue en latin : « Douai, Le Quesnoy et Bouchain repris en 1712 ».

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

La Période Révolutionnaire

Le Quesnoy sous Louis XV

 Après la mort de Louis XIV, Le Quesnoy connut pendant trois-quarts de siècle une tranquilité relative. On releva les ruines et travailla à la restauration des remparts. A partir de cette époque, les fortifications du Quesnoy prirent à peu de choses près leur aspect définitif. A cette époque, au cœur de la cité, s’élevaient le Beffroi et l’Hôtel de ville, dominant le reste des demeures par leur masse imposante. La commune était devenue libre.

Il existait au Quesnoy un collège détruit avant 1659 par les guerres entre la France et l’Espagne, mais rétabli en 1676, prés de la Porte de Valenciennes. Il fut transféré par la suite dans la rue de la Flamengrie (actuellement rue victor hugo) Autrefois réservé aux enfants pauvres, il devint par la suite très florissant. Actuellement, il regroupe des logements..
La population de la ville dépassait trois mille âmes. Elle comptait une centaine de fonctionnaires divers, les uns attachés à la cour de Justice, les autres aux Eaux et forêts ou à la défense de la Place. Les affaires étaient prospères. Chacun avait retrouvé son humeur joyeuse, qui forme le fonds du caractère quercitain. Ceux qui connaissaient les environs ne manquaient pas de citer le mot populaire, caractérisant les différentes localités de la région avec leur trait distinctif, plus ou moins laudatif :

« Avesnes pour danser ! Landrecies pour parler !
Le Quesnoy pour chanter !
Solesmes pour voler et Gommegnies pour brailler ! »

Le temps se déroulait apparement sans heurt et sans appréhension, mais des évènements graves se préparaient. L’influence de Rousseau et des Encyclopédies commençait à se faire sentir. Le gouvernement et la conduite de Louis XV n’étaient pas sans susciter des critiques et des récriminations. Celui-ci mourut en 1774, abandonnant le trône à son petit-fils, Louis XVI, qui allait payer très cher les fautes de son prédécesseur qui, par son égoïsme, son amour du plaisir et son inertie, avait porté lui-même un coup funeste aux institutions monarchiques. En effet, la royauté, qui avait élevé autrefois si haut le prestige de la France, allait bientôt elle-même disparaître, pour laisser le pays s’abîmer dans l’émeute, l’anarchie et le crime. On arrivait au seuil ensanglanté de la Grande Révolution Française…

Le Quesnoy sous la Révolution Française

La République avait été proclamée par la Convention, le 21 Septembre 1792. Le 1er Février 1793, la Convention bravant l’Europe déclarait la guerre à l’Angleterre, à la Hollande et à l’Espagne. La ville du Quesnoy subissait elle aussi les influences révolutionnaires; Le 4 mars, elle vendit le mobilier de l’église et celui de ses confréries. Le 7 mars, elle fit disparaître au burin les emblèmes et les écussons royaux, qui se trouvaient sur les bâtiments publics. Le 12 mai, elle fit procéder à l’installation d’un Tribunal Révolutionnaire , qui opéra de nombreuses arrestations. Cette année là fut une page tragique de l’histoire du Quesnoy qui fut déclarée en état de siège par l’armée autrichienne, et en Septembre 1793, Le Quesnoy passa sous la domination austro-allemande. Mais, l’année suivante, la ville est libérée, le 15 Août 1794. L’église avait été incendiée et la plupart des maisons détruites.Avec le retour du Quesnoy à la France, La Terreur recommença à régner dans la cité, où de nombreuses arrestations furent opérées. La famine sévit également.

La ville, qui était chef-lieu de district, perdit cette qualité en 1796 et devint chef-lieu de canton et partagée en 2 « Canton Est » et « Canton Ouest ». En 1800, la cité est rattachée à Avesnes. Cette date marque la déchéance du Quesnoy. L’histoire glorieuse de la ville était close et celle-ci allait se relever péniblement de ses blessures.

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

Pendant le XIXe siècle et au début du XXe siècle

Cette longue période de l’histoire fut relativement calme pour Le Quesnoy. La ville détruite par les sièges de 1793 et de 1794, se rétablit peu à peu. En 1804, l’Hospice des Chartrières, fut restauré et on lui adjoignit une vingtaine de lits supplémentaires. Plus tard, l’Hôtel de ville fut restauré, et le beffroi fut reconstruit. La cité pansait ses blessures et relevait ses ruines. En 1818, le collège rouvrit ses portes après avoir été détruit pendant les deux sièges précédents, il fut privé, et ses professeurs, des membres du clergé. En 1824, le château en très mauvais état fut transformé en caserne. En 1830, les Sœurs de Sainte-Thérèse d’Avesnes prirent possession de l’Hôpital et fondèrent une maison d’éducation pour jeunes filles dans la rue du Général Bouttiaux

En 1839 furent construites : la Caserne Lowendal et la caserne dénommée Montplaisir . En 1842, des Frères des Écoles Chrétiennes fondèrent au Quesnoy une maison d’éducation pour garçons, près de la Porte Saint-Martin. Dans les années 70, on établit la ligne de chemin de fer Allant de Valenciennes à Aulnoye et on construisit la gare . Pour y accéder, on procéda, à la réouverture de la Porte de la Flamengrie. En 1878, l’église fut embellie.Lors de la guerre de 1914-1918, la Place eut à assurer la mobilisation de plusieurs bataillons d’infanterie qui quittèrent rapidement la ville. Le 25 Août 1914, les Allemands se présentèrent devant Le Quesnoy et y pénétrèrent sans rencontrer de résistance. Le Quesnoy passa alors près de quatre ans sous la domination des Allemands.
Ce ne fut qu’ après de nombreuses et sanglantes batailles que la France parvint à s’extirper du joug de l’ennemi. Mais pour la cité Quercitaine, le salut vint des troupes de la Nouvelle Zélande. Cet épisode mineur dans l’Histoire de France revêt pour la Nouvelle Zélande une importance capitale. En effet, ce pays, devenu depuis peu indépendant, livrait ici son premier engagement militaire en tant que Nation. Et pour un premier essai, ce fut un coup de maître : les troupes Néo-Zélandaises abordèrent Le Quesnoy et, suite à un bombardement de 18 jours, elle pénétrèrent et s’emparèrent de la ville le 4 novembre 1918 en escaladant les remparts.
La ville retrouvait enfin sa liberté.On décerna la Croix de Guerre à la ville le 13 août 1921, en raison de la vaillance de ses habitants. Trois ans plus tard ce furent les soldats Néo Zélandais qui furent remerciés pour leur bravoure lors de l’inauguration du mémorial. A cette occasion, la foule fût considérable : le monument se trouve sur les remparts, à l’endroit même où les soldats étaient parvenus à pénétrer dans la ville. Il représente la montée des troupes, le long des remparts, par un bas relief en marbre blanc.
En Anglais et en Français sont gravés les mots suivants : »En l’Honneur des Hommes de la Nouvelle Zélande, grâce à la valeur desquels la ville de Le Quesnoy fût rendue à la France le 4 Novembre 1918. »

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier

Avant, pendant et après la seconde guerre mondiale

Le monument aux morts s’élève, en plein cœur de la cité près du Beffroi. Il représente la Victoire ailée ouvrant ses bras aux hommes tombés aux champs d’Honneur. A cette liste s’ajoute les noms de 4 victimes civiles, et d’un aviateur Belge fusillé par les Allemands.

Le 18 juin 1933, à la Place Juhel eut lieu l’inauguration d’un monument élevé à la mémoire des soldats du 84ème et 284ème régiment d’infanterie, et du 4ème Régiment d’infanterie territoriale. Sur ce prisme à quatre côtés se trouvent inscrits les numéros des régiments concernés. Mais à peine la ville se redressait-elle de cette tragédie, que déjà d’autres bruits de bottes résonnaient un peu partout en Europe.

La déclaration de guerre avec l’Allemagne fit renaître les mêmes scènes dans la cité fortifiée : la mobilisation fit se presser les hommes, le personnel de la place fut déplacé et les bureaux de la garnison furent transportés à la caserne Cernay. L’Allemagne attaqua. Les troupes ennemies, installées entre Orsinval et Villereau, tiraient des obus sur la ville, atteignant le clocher du beffroi ainsi que la caserne. Les incendies se propagèrent provoquant un vent de panique chez les habitants. Le 19 Mai la toiture du beffroi contenant l’horloge et le carillon s’écroula en flammes, propageant l’incendie à l’Hôtel de ville et aux maisons des environs. A feu et à sang, la ville demeurait toujours imprenable pour les ennemis, et ce grâce à ses remparts. Pourtant la ville dû capituler pour éviter un vrai massacre. Le Quesnoy entra ainsi sous l’ère de l’occupation.
Dès lors, Le Quesnoy dut panser à nouveau ses plaies, mais cette fois-ci sous l’autorité allemande. L’abbé Giloteaux s’attacha à la restauration de la cité. Des mesures d’urgence furent prises : remise en état de l’électricité, remise en service de l’eau, sans oublier l’inhumation des victimes, et les soins à apporter aux blessés. Il entreprit aussi les différents travaux de réfection des édifices publics. Ainsi la ville finit-elle par se reconstruire, durant cette longue période que fut l’occupation. Néanmoins deux événements allaient prouver aux Quercitains que la guerre n’était pas finie, que la résistance était encore présente, et que l’espoir d’une libération demeurait.

Le vendredi 26 novembre 1943, au soir, un bombardement eut lieu à proximité de la gare, faisant un trou béant et incendiant un magasin. Les vitres des maisons alentours volèrent en éclats sous l’effet de la déflagration ; hôtels et cafés furent aussi sérieusement endommagés. Quelques mois plus tard, la ville toute entière fût le témoin d’un combat aérien entre un avion Anglais et trois avions Allemands. Le premier fut touché et s’écrasa entre la Porte de Valenciennes et la Caserne Igert. Son pilote eut juste le temps de s’éjecter en parachute. Il fût aussitôt fait prisonnier.
Cette volonté de vaincre aboutit, le 6 juin 1944 au débarquement, qui provoqua de multiples espérances dans la cité. Dès la mi-août, des tracts invitant la population de la ville à faire grève, furent distribués et placardés un peu partout. Et après plusieurs semaines, les Allemands s’enfuirent de France et désertèrent par la même occasion la cité des Chênes.

A nouveau la ville reçut divers hommages et reconnaissances militaires. Ainsi le 4 juin 1950, on inaugura une plaque commémorative sur les restes de l’Ancienne porte de Landrecies, en souvenir des combats de 1940 où s’illustra le 4ème Cuirassier. Une seconde Croix de guerre fut accordée à la ville pour sa bravoure. A la suite de ces événements tragiques, Le Quesnoy connu, à l’image de la France, des périodes de prospérité, de soulèvements, de doutes. La ville ne cessa de favoriser le développement du tourisme, par une politique astucieuse de ses espaces verts, et parvint aussi à séduire beaucoup d’entreprises. Une zone industrielle se créa , parfaitement intégrée à la cité, et soucieuse de conserver et de participer à l’agréable cadre de vie de la commune. Cette industrialisation maîtrisée ne fut pas étrangère à l’accroissement de la population, et à la renaissance de nombreux commerces.
C’est justement en conjuguant modernité, respect de son environnement, et gestion de son patrimoine historique que Le Quesnoy est devenue aujourd’hui ce qu’elle est….

Sources : « Histoire de la Ville de Le Quesnoy », de l’Abbé Paulin Giloteaux
« Le Quesnoy, L’archétype du Hainaut », de Bruno Carpentier